La parole professionnelle

La parole professionnelle

Le choix des mots utilisés

Chaque être humain naît avec une identité qui lui est propre, constituée d’un nom et d’un prénom.

Lorsqu’on emploie le terme « on », il y a négation des identités. de qui parle-t-on ? Qui est concerné? La parole reste floue. Or l’enfance est une période où la personnalité de l’enfant se structure. Il est donc important d’utiliser les termes « je », « tu », le « nous » englobant l’adulte et l’enfant, d’autant plus que l’enfant s’inscrit dans un processus d’individuation.

Individualiser la parole, c’est reconnaitre l’enfant comme un être en construction, en devenir.

Appeler l’enfant par son prénom, c’est le considérer en tant que sujet unique pensant et agissant, tout comme l’adulte emploie le terme « je » lorsqu’il s’adresse à l’enfant.

L’accompagner par la parole : un outil essentiel pour la construction de l’enfant

Les mots construisent l’enfant, ils proviennent des personnes qui sont les premiers repères affectifs de l’enfant, ceux à partir desquels il construit sa façon d’être au monde, son identité. ces mots adressés à l’enfant peuvent donc construire, valoriser, encourager, rassure mais aussi blesser.

Ces mots laissent des traces.

Il est primordial de communiquer avec l’enfant de façon bienveillante. Mettre des mots sur ce que l’enfant vit au quotidien, quand il tombe par exemple : « tu pleures car tu t’es fait mal », plutôt que de nier ce qui vient de lui arriver en disant : « ce n’est pas grave ».

reconnaître et accueillir les émotions de l’enfant, c’est aussi le considérer.

Par exemple, dire à l’enfant : « tu es méchant », n’a pas de sens. c’est le geste que peut faire un enfant qui est « méchant », pas son auteur. L’enfant ne gère pas encore ses émotions, son cerveau étant encore immature, son geste traduit son émotion et n’est pas intentionnellement agressif.

Pareillement, pour complimenter une enfant, il convient de décrire la nature de l’acte posé : « tu as réussi à mettre tes chaussures seul » au lieu de dire : « c’est bien ».

La distance professionnelle

La profession d’assistante maternelle s’exerce dans un cadre familial, qui mêle la sphère privée et professionnelle. Même si des liens affectifs étroits se tissent entre les enfants et leur assistante maternelle, il est nécessaire d’éviter les surnoms, les adjectifs possessifs réservés à la famille. en effet, par imitation l’enfant s’imprègne du langage qui lui est adressé.

L’appeler par son prénom c’est aussi l’intégrer à la société et lui permettre d’accéder au langage.

L’attention portée à l’enfant ne passe pas seulement par des marques d’affection. En la matière, l’adulte ne devance pas les demandes de l’enfant. Cela ne veut pas dire qu’il refuse les câlins, les bisous quand ceux-ci sont à l’initiative de l’enfant.

Maintenir une certaine distance, c’est aussi se faire reconnaître dans ses compétences professionnelles.

L’enfant se construit par le jeu mais par le « je ».

Sources

« Bien parlé aux enfants dans la collectivité »- journal des professionnels de la petite enfance, n°7, mars-avril 2014

« Accompagner la professionnalisation des assistantes maternelles », de Fabienne Champlong

 » A l’aube du sens : la parole à l’enfant », Denise Bass, Pascal Mignon, Christian Nain, Arlette Pellé

lesprosdelapetiteenfance.fr