Le doudou

Le doudou

Pour l’enfant, il s’agit de l’objet, choisi par lui, pour se sécuriser. La psychologie parle d’un objet transitionnel (définit par D. Winnicott) nécessaire pour traverser une phase de séparation. En effet, après la naissance, l’enfant occupe une grande partie de l’espace psychique de la mère (pendant quelques semaines voire quelques mois. Après quoi arrive l’heure où la mère, tout en répondant aux besoins de l’enfant, réinvestit progressivement son identité de femme. Il s’agit d’une phase de séparation psychique qui invite, symboliquement, l’enfant à découvrir le monde qui l’entoure et à faire avec l’absence de sa mère. Le doudou permet d’accompagner l’enfant dans cette phase de transition en jouant le rôle de substitut de mère (le doudou est présent, le doudou réconforte). C’est le fait de pouvoir agir sur ce doudou qui calme l’enfant : celui-ci réalise un rituel constitué de mouvements de sucions et/ou de caresses qui apaise ainsi ses émotions.

« Il s’agit du premier objet matériel possédé en propre par le bébé. Bien que l’objet transitionnel ne fasse pas partie de son propre corps, bébé ne le reconnaît pas encore comme appartenant à l’environnement. C’est pourquoi on l’appelle transitionnel. L’enfant a la capacité de créer, d’imaginer, d’inventer, de concevoir un objet et d’initier avec lui une relation affectueuse. Un objet transitionnel peut être un ourson en peluche, un édredon, un mot, une mélodie, ou un geste rituel.»

Le doudou (souvent il est « doux »), est un ami, le confident des joies et des peines, le consolateur indéfectible, toujours présent.

L’enfant investit affectivement ce doudou et l’anime de sentiments, de vie. Il arrive que l’enfant projette sur cet objet les affects et émotions qu’il a du mal à accepter en lui. Doudou se fait donc parfois gronder ! Le doudou est un repère stable qui rassure.

Importance de l’observation

L’objet transitionnel est un objet palpable, et donc rassurant, tant pour l’enfant que pour l’adulte : si on ne comprend pas les raisons pour lesquelles un enfant pleure, on peut toujours lui proposer son doudou ce qui évite de se sentir incapable de le satisfaire et impuissant face à sa douleur ; une façon pour l’adulte de se donner bonne conscience à moindre frais. Nous sommes là face à l’un des dangers majeurs de la banalisation du « doudou » : celle de dédouaner l’adulte
d’une observation attentive de l’enfant et d’une écoute compréhensive de ses désirs, de ses besoins et de ses chagrins. Il est très important de ne pas laisser le doudou prendre la place sur les mots que l’adulte peut poser. Il faut pouvoir accompagner l’enfant dans ses différents ressentis. Le doudou n’est pas la réponse à tout. Il ne remplace pas les câlins, l’attention qu’on peut donner.

Le doudou : un objet choisi par l’enfant

Dans certains lieux d’accueil petite enfance, il est souvent proposé à la mère, au moment de l’adaptation, de donner à son bébé un foulard ou teeshirt imprégné de son odeur. Il ne s’agit pas là, tout du moins dans un premier temps, d’un objet transitionnel.

Lorsque la mère donne un foulard dans lequel sera enveloppé l’enfant au moment de l’endormissement, il s’agit davantage d’un leurre où l’enfant est maintenu dans l’illusion passive de la présence de sa mère mais où il ne met en œuvre aucun processus de création active. Ceci dit, il peut être rassurant pour une mère de laisser quelque chose d’elle-même à son enfant qui vient « adoucir » les sentiments de culpabilité qu’elle peut éprouver.

L’objet transitionnel n’a de valeur structurante que s’il a été choisi par l’enfant et que si ce dernier a ainsi le sentiment de « créer » l’objet qui lui apporte soutien et réconfort. Le choix de l’objet transitionnel résulte d’un processus actif où l’enfant s’arroge des droits sur un objet qui a pour lui une signification particulière : celle de représenter la mère et une part de leur relation à tous deux qui survit en dépit de la séparation.

D’autre part, il n’est pas nécessaire d’acheter deux doudous identiques à l’enfant au cas où l’un des deux soit perdu. L’enfant n’en choisira qu’un qui sera son unique doudou, il fera très bien la différence avec un autre même s’il est parfaitement identique !

Un objet précieux avec « des règles du jeu »

Le doudou qui permet à l’enfant de se procurer un sentiment de sécurité intérieure en l’absence de sa mère, ou en sa présence pour se rassurer et faire d’autres expériences, est donc un objet très précieux pour l’enfant. Il doit être respecté par l’adulte, et en aucun cas dénigré « il sent mauvais… ». Il doit être laissé à disposition de l’enfant, en tout cas au début de l’accueil, et surtout pendant la période d’adaptation.
Cependant, le doudou, en collectivité, est parfois difficile à gérer par les parents ou les professionnels : « il traîne partout, il le perd… ». Il est source de discussion, d’interrogation. Le doudou ne se laisse pas n’importe où : on le respecte et on apprend à l’enfant à le respecter aussi ; on le range à un endroit bien précis, toujours le même, où l’enfant peut le retrouver , dans une petite pochette, bien accessible, ou il peut le prendre, le renifler, le sentir, le toucher, voir s’il est toujours là, pour se rassurer… Aussi l’enfant doit apprendre à s’en séparer, à le gérer tout seul : par exemple, il le laisse à côté de lui pour jouer, pour manger. il ne peut pas sucer sa tototte et en même temps parler.

La tétine, le pouce…

Téter est un réflexe naturel et apaisant que l’enfant a déjà dans le ventre de sa mère, dès sa 16e semaine de vie! C’est un besoin physiologique, un réflexe inné pour s’alimenter. C’est également un besoin charnel, une envie de rester proche de sa mère, de se sentir «raccroché» à quelque chose. Sitôt venu au monde, il trouvera donc vite un ou deux doigts pour se réconforter, et se rendormir pendant la nuit. Mais, pour satisfaire son besoin de succion, les parents peuvent aussi proposer à l’enfant une suce (tétine). Ce besoin est différent d’un enfant à l’autre.

La tétine, le pouce… sont donc également des « objets transitionnels » qui aident l’enfant à s’auto rassurer, à gérer ses émotions, à s’apaiser. Ils établissent un lien entre la famille et le monde extérieur. Le doudou comme la tétine est souvent mâchouillé, trituré, suçoté…

L’avenir du doudou

Le doudou doit, petit à petit, prendre une place moins importante dans la vie de l’enfant au fur et à mesure qu’il grandit. « le doudou a pour vocation d’être désinvesti progressivement, il n’est que transitoire. Il perdra sa signification à mesure que l’enfant sera capable de créer son monde à partir d’échantillons de sa vie intérieure, c’est-à-dire qu’il n’aura plus besoin de ce support pour avoir accès à ce qui se passe en lui. »

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