Créativité : la place de l’enfant de moins de 3 ans

Créativité : la place de l’enfant de moins de 3 ans

Des activités créatrices et manuelles, les professionnelles en proposent souvent aux enfants. Quelles sont les finalités de ces activités ? Occuper l’enfant ? Faire plaisir aux parents ? Se faire plaisir ?
Proposer une activité à l’enfant, c’est avant tout lui permettre d’apprendre le monde. La réalité est que nous reproduisons ce dont on se souvient de notre enfance, c’est-à-dire l’école, souvent seule référence pédagogique. Or, le très jeune enfant ne fonctionne pas comme un élève. Lorsque nous démarrons une activité, nous avons déjà prévu ce que sera la production finale. Nous ne laissons, bien souvent, pas suffisamment de place à la créativité de l’enfant car nous les dirigeons vers le résultat que nous avons prévu. En voulant aller trop vite, nous oublions la réalité du développement neurologique et moteur de l’enfant.

Exemple : il est impossible de demander à un enfant de faire des tracés avec un pinceau avant qu’il n’ait exploré toutes les dimensions de ses gestes. L’enfant découvre la peinture comme un support pour faire des tracés et non pour faire apparaître ou colorier une figure définie.

Dans une société du faire, du résultat, de la compétitivité et du produire, comment favoriser une expression et expérimentation libre du jeune enfant, dans le plaisir d’inventer et de découvrir ensemble ?

En tant qu’adulte, nous pensons que l’enfant crée pour faire plaisir à papa, à maman. Ce n’est pas du tout le cas pour le très jeune enfant qui n’a pas de finalité dans ce qu’il fait, si ce n’est son plaisir de la découverte du monde. C’est son plaisir qui l’importe car il se sent heureux d’être capable de faire de la peinture ou de manipuler de la pâte à modeler. L’enfant se construit par la manipulation, l’expérimentation par le jeu, sans objectif de résultat autre que le plaisir. C’est donc le processus de création en lui-même qui est essentiel et non la production créative.
C’est le bienfait de l’activité en tant que telle qu’il faut mettre en avant lorsque l’on en parle aux parents.
Alors, quelle place laisser à la créativité et à la rêverie ? Comment, en tant que professionnel de la petite enfance, ouvrir notre accompagnement du tout-petit à l’émerveillement et la spontanéité ?

Nous lions souvent la notion de créativité à la production artistique (peinture, etc.), mais l’enfant peut aussi être créatif avec son corps, ses mots, ses relations à l’autre, etc. La créativité est liée aux émotions, au plaisir partagé et non pas à la productivité. En tant que professionnel de la petite enfance, comment réfléchir pédagogiquement à cette notion essentielle dans la petite enfance ? Comment développer des pédagogies qui accompagnent l’enfant dans l’expression de toutes ses potentialités, ses talents, ses capacités ?
La pédagogie peut être…

– Descendante : l’adulte fait descendre son « savoir » à l’enfant. C’est une forme de pédagogie passive.

– Montante : l’enfant découvre par lui-même en expérimentant, en explorant. L’adulte l’accompagne et le guide : l’enfant est acteur de son propre développement.

C’est la pédagogie active.

Lorsque l’on parle de créativité, il est essentiel de réfléchir à la forme de pédagogie que l’on souhaite mettre en place. Les méthodes de pédagogie active sont évidemment les plus adaptées et pertinentes, telles qu’elles ont pu, par exemple, être développées par de grands pédagogues : Montessori, Steiner, Decroly, Freinet… Il est essentiel que l’enfant soit acteur pour oser développer toute la palette de sa créativité !

Maria Montessori était un médecin italien du début du XXe siècle. Elle avait une confiance profonde dans l’enfant et un respect pour ses capacités à se développer lui-même. Dans cette pédagogie, l’adulte observe et guide mais n’est pas interventionniste afin de laisser à l’enfant la possibilité de surmonter des difficultés par lui-même.

Source : La Gazette des Poussettes Janvier 2017