CONFLITS : LA RENCONTRE AVEC L’AUTRE

CONFLITS : LA RENCONTRE AVEC L’AUTRE

Accueillir de jeunes enfants, c’est aussi pour l’assistante maternelle, devoir faire face aux conflits entre enfants, notamment autour des jeux. Ces conflits font partie du développement normal de l’enfant, et sont indispensables dans l’apprentissage de la communication aux autres.

Au cours de la première année le conflit est peu présent car la conscience de soi n’est pas encore assez développée. Le bébé tire les cheveux pour explorer une texture nouvelle et découvre l’effet produit : l’autre pleure ! il recommence pour vérifier le mécanisme.Il le fait sans autre intention que d’explorer et est d’ailleurs très surpris de la réaction de l’adulte. Le petit enfant mettra presque 2 ans à comprendre ce que « faire mal » veut dire.

C’est donc au cours de la 2 e année que vont apparaître les conflits : d’abord parce que l’enfant veut garder l’activité qu’il a entrepris , le jouet qu’il a trouvé, et essaie de résister aux enfants qui veulent le lui prendre ( élaboration de la conscience de soi ) !

Ensuite sa motricité lui permet de se déplacer pour voir les activités des autres : autant de nouveautés qui font immédiatement envie ! Il ne s’agit pas d’agressivité comme le pense souvent les adultes mais tout simplement d’envie immédiate d’acquérir l’objet de l’autre.

D’ailleurs, une fois l’objet pris, l’enfant ne joue parfois même pas avec, et les adultes de dire : « Et voilà ! non seulement tu prends l’objet de Théo, mais en plus tu ne joues pas avec, tu n’es vraiment pas sympa ! » Et de conclure à de « l’agressivité gratuite ». sympa ! » Et de conclure à de « l’agressivité gratuite ». sympa ! » Dans d’autres cas l’objet va être investi et l’enfant le prend dans l’intention d’imiter celui qui le tenait précédemment. Il faut comprendre que conflit et imitation sont les deux expressions du même besoin de faire comme l’autre, d’être l’autre.

Cette montée des conflits dans la 2 e année va diminuer au fur et à mesure que les enfants vont développer d’autres façons de communiquer (langage)

Le conflit étant reconnu par l’assistante maternelle comme une réaction normale ; il est important alors d’éviter les jugements de valeur « il est vilain, méchant… », d’éviter les punitions, les réprimandes, et l’isolement. Attention, cela ne veut surtout pas dire qu’il ne faut jamais s’en mêler mais il est intéressant que l’adulte n’intervienne pas trop rapidement et prenne le temps d’observer « pourquoi et comment est né ce conflit ? » afin adapter son éventuelle intervention.

En aucun cas, répondre à l’agressivité par l’agressivité car de cette façon l’enfant intègre le même modèle d’action et il ne peut pas comprendre pourquoi l’adulte qu’il affectionne lui fait mal. Quand l’adulte intervient, son intervention doit être positive : se placer à la hauteur des enfants, les regarder, être à leur écoute, dégager un sentiment de calme.

Transformer le geste agressif pour le rendre socialement acceptable : c’est par exemple taper sur la table ; mordre une pomme ; coiffer une poupée au lieu de tirer les cheveux du copain…

Avec les enfants plus grands, il est souhaitable de privilégier la parole, d’exprimer les sentiments, de trouver des solutions pour résoudre les conflits: « les enfants, moi ça me fait très peur quand vous utilisez des bâtons pour jouer….vous risquez de vous faire mal, de vous blesser…qu’est ce qu’on pourrait faire maintenant ? À quoi pourrait-on jouer qui soit moins dangereux ? » Il est primordial de favoriser les interactions positives par l’aménagement de l’espace et par des propositions de jouets adéquats : la quantité de matériel agit sur l’activité des enfants, sur leur répartition dans la pièce, et sur les conflits.

Il faut proposer le plus d’objets semblables possible, pour donner aux enfants les moyens de satisfaire leurs besoins d’imitation. Sortir un seul jouet attractif est source de conflit assuré. Un moyen pratique d’avoir à moindre coût une offre variée de jouets identiques est de se constituer une réserve de jeux de récupération en nombreux exemplaires.

Par ailleurs, beaucoup de moments que l’adulte trouve difficile à vivre (périodes de transition avant ou après le repas, entre deux activités) sont des moments où la plupart des jouets sont rangés. Or les jeunes enfants ne peuvent pas se gérer longtemps sans jouets, sauf si la présence de l’adulte compense cette absence – grâce à des histoires, des chansons.

Privilégier les jeux et équipements moteurs (ne pas les cantonner à l’extérieur) va permettre et favoriser les échanges positifs entre enfants car c’est en effet sur les jeux moteurs que les enfants sont le plus visibles les uns pour les autres, grâce à leurs mouvements, et qu’ils peuvent jouer ensemble soit sur le même équipement, soit en s’imitant dans l’espace, avec des ballons ou des engins roulants par exemple.

Source : La Gazette des Poussettes Décembre 2008