06 Sep Attachement et période de familiarisation
Que ce soit lors d’un accueil en crèche ou chez une assistante maternelle, la période de familiarisation est une étape essentielle de l’accueil de l’enfant et de sa famille.
Sylviane Giampino avance que, « la capacité pour l’enfant à se sentir bien se fonde sur la présence de ses parents ». C’est grâce à leur présence lors des premiers temps d’accueil, que l’enfant se sent suffisamment sécurisé pour, progressivement, apprendre à vivre sans eux, et à être et faire avec un autre. C’est tout l’enjeu de ce temps qui est comme en « suspens », enjeu étayé par les connaissances actuelles en neurosciences.
En effet, familiarisés et sécurisés par des rencontres répétées avec l’assistant maternel ou personne de la crèche, parents et enfant pourront vivre l’expérience de la séparation avec plus de douceur.
L’enfant a besoin de construire un lien d’attachement avec l’adulte qui va en prendre soin pour vivre au mieux la séparation, qui peut être pour lui, ou ses parents, source de stress, d’angoisse et de tristesse.
Trop petit, il n’a pas encore les outils nécessaires pour contrôler ses émotions : ce n’est pas qu’il ne veut pas, c’est qu’il ne peut pas. Ses structures et réseaux cérébraux ne sont pas encore suffisamment fonctionnels : jusqu’à cinq ou six ans, le cerveau limbique (siège des émotions) et reptilien (comportements de survie) dominent. Le néocortex, régulateur des émotions étant encore immature, l’enfant vit de véritables tempêtes émotionnelles qui nécessitent, pour être régulées, la présence sécurisante d’une figure d’attachement.
Dans ce contexte, la posture adéquate de l’assistant maternel ou de l’adulte ayant en charge l’enfant, est de lui garantir une sécurité physique et affective en faisant preuve de :
- fiabilité : l’enfant peut compter sur lui
- cohérence : il ne se contredit pas
- prévisibilité : l’enfant peut anticiper ses réactions, il sait comment l’adulte va réagir
- empathie : favorable au développement du cerveau
- écoute et verbalisation
- disponibilité.
Le tout petit a besoin de vivre des expériences qui se répètent et de faire des hypothèses pour imaginer comment les choses vont se dérouler.
Répéter sur plusieurs jours et de façon régulière l’expérience du départ et du retour de son parent, l’expérience d’un moment de jeu, de repas, de sommeil… chez l’assistant maternel ou à la crèche, va lui permettre d’intégrer que papa, maman partent et qu’ils reviennent toujours et que durant leur absence, il va jouer avec Théo, manger avec Chloé, dormir dans la chambre de aménagée pour lui.
Sa capacité d’anticipation favorise le sentiment de confort et de contrôle de la situation.
Ces temps de rencontres qui s’inscrivent dans la répétition et la régularité lui permettent d’intégrer, petit à petit, ce qui est fréquent et ce qui ne l’est pas. Il essaie de comprendre ce qui va se passer. C’est un statisticien. C’est pourquoi les rituels sont si importants pour les tout-petits : l’enfant a besoin de répéter des expériences pour comprendre où il va et ce qui va se passer plus tard pour lui.
Tous ces éléments aident à mieux comprendre l’importance de cette période de familiarisation.
En conclusion, nous pouvons avancer que pour donner tout son sens à ce temps de familiarisation, l’adulte accueillant doit :
- Être générateur d’attention et de relation sécurisante pour l’enfant : figure d’attachement, il doit représenter un havre de sécurité favorable à l’exploration de ce dernier.
- Être à l’écoute des différentes manifestations des émotions de l’enfant qui peuvent être importantes (stress, peur, séparation avec les figures d’attachement).
- Permettre à l’enfant de vivre des situations qui se répètent et qui contribuent à l’établissement d’hypothèses et d’anticipation. L’enfant acquiert une compréhension des événements grâce à la répétition à l’identique d’actions. Lorsque ses journées sont identiques, cela est plus sécurisant pour lui.
Proposer ces temps sur les mêmes créneaux horaires assure de la régularité et permet à l’enfant de vivre et revivre certaines émotions dans un contexte identique. L’établissement d’une relation privilégiée avec l’adulte qui en prend soin, apporte à l’enfant sécurité et sérénité dans un contexte qui ne lui est pas familier au départ.
Ce travail mené auprès de l’enfant permet, en même temps, d’établir une relation de confiance nécessaire pour favoriser le sentiment de sécurité parental et ainsi d’accompagner les parents dans la séparation d’avec leur enfant.
Extrait de la lettre d’info REPAM de Lescar (Pyrénées Atlantiques)